Labo Emploi Durable

avec C2DI93

Mercredi 13 décembre 2023, C2DI93 organisait son second Labo de l'emploi Durable (le LED, pour éclairer nos réflexions sur le travail, l'emploi). Nous nous reunissions autour de la question : Qu'est ce que je cherche dans un nouvel emploi ? Quel sens j'en attends ? Nous étions une cinquantaine de professionnels en recherche d'emploi, employeurs, professionnels de l'accompagnement vers l'emploi, une chercheuse et un psychologue du travail. 

  • Suite aux interventions de Lea Lima (CNAM, LISE) et Kevin Dufrenoy (www.cliniquedutravail.fr), voici quelques points qui m'ont fait bouger, qui ont attiré mon attention, et qui peuvent parler aux responsables RH, employeurs, encadrants :

  1. On cherche du travail, c'est une demarche individuelle, de choix et de selection. Et puis on trouve du travail, on entre dans une experience collective, celle du travail. N'y a t il pas là quelque chose à creuser quand nous cherchons du travail ou recrutons ?
  2. Quand il n'y a pas de réponse à la signification de l'action que je dois faire (pourquoi je dois le faire), petit à petit je me désengage de mon travail. Engagement du salarié et signification de la tache demandée par l'employeur sont étroitement liés. Une piste pour penser le soi-disant "désengagement" de certains salariés ?
  3. Autour de la question du sens du travail, il y a une myriade de concepts : autonomie, pouvoir d'agir, créativité, utilité, reconnaissance, avoir les moyens d'être à la hauteur d'un travail qui a du sens, etre décisionnaire de mon travail et non simple exécutant, me reconnaitre dans ce que je fais. Le sens du travail ne peut se prescrire, il se construit dans l'expérience individuelle, collective et organisationnelle.
  4. Entre l'image que j'ai, que l'on me donne, du métier et ce que l'on fait concrètement dans le poste, il y a souvent un grand écart. Une forte part d'invisibilité sur comment ça se passe en vrai, que les employeurs gagneraient peut-être à réduire pour donner à la rencontre employeur/ nouveau salarié de bonnes conditions initiales, quite à faire évoluer les pratiques de recrutement. Rencontrer le candidat sur le poste de travail plutot que dans un bureau par exemple est une pratique que C2DI93 met en oeuvre depuis 20 ans.
  5. Il existe une forte inégalité sociale sur le droit à choisir son emploi et son métier : on trouve des enquêtes sur les critères de choix d'un emploi pour les cadres, rarement pour les personnes dites de faibles qualifications ; comme si celles ci n'avaient pas le choix. Qu'est ce que cela dit de nos représentations sur les chômeurs ? comment faire évoluer ces représentations pour améliorer nos pratiques d'accompagnement vers l'emploi et de recrutement ?
  6. On constate une évolution des attentes autour de l'autonomie : un concept complexe qui nécessite un dialogue entre l'autonomie attendue par l'employeur et celle souhaitée par le salarié. Parle t on finalement de la même chose ? à quel moment le discute t on dans l'organisation ?
  • Suite aux échanges entre participants, je retiens :

  1. Autour de la remarque d'un employeur sur le fait que la relation salariale c'est du 50/50 (employeur/ salarié, contribution / retribution, etc) : il ne s'agit pas que d'equilibrer peine/contre-partie mais pourquoi pas : sens du travail pour le salarié/ pour l' l'employeur, non pas dans un 50/50 mais dans une coopération conflictuelle (cf Yves Clot, clinique de l'activité). Il existe d'ailleurs pleins d'outils et de pratiques pour évaluer le travail du salarié. Il existe depuis peu des outils pour évaluer l'employeurabilité de l'employeur. Le saviez vous ?!

  2. Il a été difficile dans notre temps de travail de rester sur notre thème (mes criteres pour choisir un emploi). Tres vite, nous avons glissé vers "quels sont les critères de l'employeur pour choisir un salarié?". Que nous dit cette difficulté : Comment considère t on le candidat ? le chômeur ? quelle place pour une égalité d'auto-détermination ?

  3. Comment appréhender la question de la responsabilité dans la relation asymétrique qu'est le salariat ? (Ex: Quand une personne agée appelle son entreprise d'aide à la personne pour dire qu'elle est toujours dans son fauteuil à 21h, qu'est ce qui fait qu'un.e salarié.e va se dire je me deplace et pas l'autre ?) --> il n'y a pas qu'une bonne réponse, il y a une multitude de situations. Comment embrasser cette complexité des réalités pour ne pas plaquer une vision où les chômeurs/ salariés sont des pions (personnes identiques, interchangeables, uniformisées). Vision dont on sait qu'elle n'a aucun sens dans le rapport vivant au travail, et qui gêne les RH pour penser des solutions dans un contexte de marché de l'emploi tendu.

  4.  Comment travailler cette question de responsabilité dans la relation asymétrique qu'est le contrat de travail ? Peut-etre en mettant en discussion les enjeux de qualité, de sens et l'evolution de l'organisation pour faire au mieux, pour le client, pour le professionnel, pour le collectif de travail, pour l'employeur ? 

  • Ce n'est pas un voeux pieux, ça demande une volonté politique et parfois un accompagnement pour créer les conditions d'echanges vrais sur le travail concret. Mais dans le dialogue professionnel, quelle puissance de transformation !

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